mercredi 25 mars 2009

La grippe aviaire aux USA Fatal Contact : Bird Flu in america

"La catastrophe a ceci de terrible que non seulement
on ne croit pas qu'elle va se produire
alors même qu'on a toutes les raisons de savoir
qu'elle va se produire,
mais qu'une fois qu'elle s'est produite
elle apparaît comme relevant de l'ordre normal des choses"
Jean-Pierre Dupuy
Pour un catastrophisme éclairé. Quand l'impossible est certain,
Paris, Seuil 2002, coll "Points"


2006 – USA - Richard Pearce
http://www.imdb.com/title/tt0800026/

"Fatal Contact : Bird Flu in America" est un téléfilm produit par la chaîne américaine ABC qui raconte ce que pourrait être une pandémie mondiale causée par la mutation du virus H5N1 le rendant transmissible d'humain à humain.
La grippe aviaire nous a déjà joué un sale tour, en faisant une vraie/fausse entrée dans le paysage médiatique global en 2006 (?), propulsé sur le devant de la scène par des médias tombés de leur chaise à la lecture des prévisions des agences sanitaires gouvernementales : entre 150 et 350 millions de morts, elle est repartie doucement remplacée par un autre sujet plus vendeur de papier. Pourtant, le risque, lui n'a pas baissé d'un iota.


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"Fatal Contact : Bird Flu in America" est un téléfilm extrêmement atypique, plus proche dans la forme d'un docu-drama que d'une fiction classique. Ce qui est étrange, car les docu-drama sont le plus généralement utilisés pour relater des événements ayant réellement eu lieu. Je vous disais récemment à quel point j'avais été déçu par le 1er épisode de "Survivors" la série de la BBC sur un virus provoquant la quasi-disparition de l'humanité. comment le manque de crédibilité et de rythme de cet épisode foutait en l'air tout le potentiel dramatique de ce genre de situation. Ici, c'est exactement l'inverse, tout s'enchaîne mécaniquement et inexorablement, mais de manière logique et crédible. Un business man américain rapporte la grippe aviaire de Hong-Kong et la transmet à suffisamment de personnes pour que lorsque l'on diagnostique sa maladie, il ne soit plus possible de la contingenter.


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Le film est globalement sous-dramatisé, les personnages ont très peu de background, et en plus ils sont très nombreux, le casting privilégie les figures peu connues, à l'exception de Stacy Keach et de Justina Machado* . Par contre, les moyens nécessaires au scope de ce type d'histoire sont présents, je pense en particulier au décor d'hôpital de campagne installé dans un gigantesque hall de gare à New York ou à la scène de la fosse commune géante qui est très impressionnant. Le film joue également et classiquement le contrepoint des breakings news télévisuels pour amener la succession d'événements qui suffit largement à rendre l'histoire terrifiante. Toute la première partie du film ne possède aucune scène "intimiste " pour les protagonistes, toute la narration est orientée cerveau gauche, ce qui est plutôt à l'inverse de la tendance actuelle.


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Les hommes politiques sont décrits également de façon un peu moins caricaturale que d'habitude. Le gouverneur qui fait face aux premiers cas décide la mise en quarantaine de quartiers résidentiels entiers touchés par la maladie. Cette mesure compliquée à mettre en place, difficile a accepté par la population et tendant à stigmatiser les porteurs de la maladie va de plus se révéler inefficace. Cette erreur flagrante n'en fait pas pour autant le fasciste de base qu'un scénariste un peu flemmard aurait pu portraitiser. De même Stacy Keach, interprète un ministre de la Santé plutôt convainquant, particulièrement stressé par les décisions à prendre quand les quantités disponibles de vaccins ne permettent de traiter que 15 à 20 % de  la population.


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En conclusion, un film atypique, antispectaculaire qui propose un scénario quasi documentaire de ce qui risque fort de nous tomber dessus un de ces jours. C'est-à-dire un véritable cauchemar, dans le film, le décompte des morts s'arrête à 40 millions, mais ce n'est pas pour autant la fin de la maladie. Face à une pandémie de cette envergure, il faut bien se rendre compte que de gros troubles se produiraient dans l'ensemble des services publics ainsi que dans la distribution. Et ce schéma est explosif : moins de ressources (alimentaires), moins de police = émeutes et pillages. Dernier détail, les Français ne semblent toujours pas de retour dans le coeur des Américains, si c'est la France qui découvre dans le film le vaccin tant recherché, le président de la République décide de nationaliser tous les laboratoires pharmaceutiques jusqu'à ce que la totalité de la population française soit vaccinée et refuse de livrer les autres pays...

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* (bientôt visible dans le prochain film de Bertrand Tavernier "In the electric mist" avec Tommy Lee Jones et John Goodman)

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