vendredi 20 avril 2007

Je suis une légende The last man on earth

1964 – USA Italie - Ubaldo Ragona & Sidney Salkow
http://imdb.com/title/tt0058700/

Je vous parlais dans mon premier post du «Survivant» avec Charlton Heston. Voici un film qui le précède de sept années et qui s’inspire du même roman «Je suis une légende» de Richard Matheson. Cette version-ci, beaucoup plus fidèle au roman, le doit sans aucun doute au fait que Matheson lui-même participa au scénario. Toutefois, déçu du résultat final il demanda a changer son nom au générique pour apparaître sous un pseudo…


«The last man on earth» s’il est plus fidèle au roman apparaît également comme beaucoup plus psychologique que la version de 1971. Les longs monologues intérieurs de Vincent Price, ses glauques errances dans la ville abandonnée, la présence, moins violente, mais peut-être encore plus déprimante des morts-vivants qui la hantent produisent une sensation particulièrement délétère.


Vincent Price est évidemment parfait dans le rôle du savant survivant, chasseur de morts-vivants, veuf éploré et à la limite de basculer dans la folie à force de solitude.


La personnalité du héros est également plus approfondie, grâce notamment à un long flash-back qui décrit la mort de sa famille. Version plus psychologique donc, plus intimiste également, presque théâtrale, avec comme principal décor la maison délabrée du héros.


L’aspect budgétaire n’est sans doute pas éloigné de ce parti pris, et honnêtement, le film fait assez fauché. Il s’agit d’une coproduction américano-italienne ou Price représente la partie US du film, tout le reste étant italien. On se doute que c’est l’aspect minimaliste du script qui a intéressé à priori le producteur (le dernier homme sur la terre, ça doit pas être cher ça Coco). Bref, tous les autres acteurs sont italiens, parfois doublés un peu hâtivement, et surtout les décors extérieurs sont filmés dans une banlieue romaine particulièrement cheap. Tout cela contribue malheureusement à tirer le film vers le bas et le prive d’une dimension plus spectaculaire qui aurait fourni un excellent contrepoint à la situation du personnage principal.


La comparaison entre les deux versions du film apporte néanmoins une pierre à la longue histoire (troll ?) des transferts entre littérature et septième art. Entre fidélité et adaptation, respect de l’œuvre originale et volonté de réaliser un film qui soit lui-même une nouvelle création, les exemples ne manquent pas, d’ «Autant en emporte le vent» au «Da Vinci Code» en passant par «Apocalypse Now» (l’option viol du roman) ou le premier «Harry Potter» (la version album Panini). A mon humble avis, c’est en explorant plus franchement l’univers ce monde déserté de tous ses habitants, quitte à s’éloigner plus franchement du roman, que la version avec Charlton Heston tire sa force.


La ou curieusement les deux films se rejoignent, c’est dans leur traitement du début (mêmes plans larges de paysages urbains déserts ou traînent cadavres et voitures abandonnées)


et de la fin (exécution christique du héros, le flanc percé d’une lance).


"Je suis une légende" est donc d'une pièce rare à découvrir absolument, au plaisir toujours renouvelé d'un film avec Vincent Price (dont une scène d'anthologie ou il passe du fou rire à la crise de larmes), s'ajoute de nombreux points positifs, comme ses morts-vivants qui ont sans doute inspiré Romero, le charme un peu désuet de l'approche néo-classique du script et de belles idées de fin du monde (la ronde des camions militaires qui viennent chercher les cadavres pour les bruler).


Pour finir, une anecdote amusante, le producteur, pas si finaud que ça c’est loupé sur le copyright, du coup le film n’est pas protégé. Il est donc téléchargeable légalement sur de nombreux sites !



2 commentaires:

  1. Merci pour le lien vers le film. J'ai beaucoup aimé le roman, je vais regarder ses adaptations.

    RépondreSupprimer
  2. Mon adaptation préféré de Matheson. Vincent Price est parfait dans son rôle. J'adore la fin très cynique du film.

    RépondreSupprimer